PHOTOGRAPHIES PLASTICIENNES
<< ACCUEIL
>> LES 4 SAISONS
. À l'horizon
. En chemin
. De plastique
. À l'eau
>> PERDRE ET SUIVRE LA TRACE
>> LIGNES DE VILLE
>> POLLUTIONS NOCTURNES
>> C'ÉTAIT UNE NUIT DE SÉRIE NOIRE
. Crime & Enfantement
. Crime & Chuchotement
. Crime & Échappement
>> LA BALLADE DES DISPARUS
>> 24 HEURES
>> LA MESURE OU L'OEIL DU GÉOMÈTRE
>> LA LUMIÈRE DE SOFIE
>> PHOTONOMATOPÉES
>> LA VIE À L'OEUVRE
>> R/V... AVANT LE CONVOI
>> L'OPÉRA DU GUEUX
>> LIGNES DE COKE
La cité s'enténébrait chaque fin de jour
La substance noire et bileuse fût neutralisée par de farouches noctambules
Éjaculation de lumen dans les rues de songes nébuleux "ON"
ça jaspine grave de krypton d'argon et de xénon
"Notre ciel est votre sol" affirme la ville à coup de projecteurs, de réverbères et de néon
La nuit est claquemurée sans possible échappatoire au ciel de nos histoires
De nouvelles couleurs toxiques apparaissent
La voie lactée est voilée
Le halo éblouit la voyance crevée d'étoiles et le deuil continue
"J'ai pitié des étoiles, elles brillent depuis si longtemps" Fernando Pessoa.
Putain moins dix
ça c'est passé pas plus loin
c'était le mois encore plus noir
sourd au passant paysage le manoir pas plus loin
ça va sans dire une nuit de série noire
reposant son sac d'heures inutiles
le temps même avait gobé la petite sensible
Une noire coprophage raccrochée à sa portée de soie
aux carreaux ravissait l'air lugubre des voix
les ailes figées de mauvais augure chuchotaient leur solitude
l'essaim mort l'indifférente lucidité la banale lassitude
laisser aller en goutte à goutte de graisse giclée d'habitude
souillure des rêves des espoirs tout laissait à y croire
Ce fut donc l'imparfait de l'oubli et du toujours
du récit de toile en lice sur le jour
Elle ne préférait pas ces carthasis aux cicatrices
la langueur opaline tapant les nerfs de son idée noire
le fracas de ses appels de cantatrice
au crépuscule d'une vie qui le fredonnera ?
dans le havre manoir forgeait sa frayeur
le chant de son silence en étouffer la touffeur
Elle occupait une dernière fois cette nuit de série noire
suspendant la veste du temps à l'enclenchoir
se souciait de son penchant du moment
en silhouettes ondulantes de l'ineffable main tenant
Putain moins dix
ça c'est passé pas plus loin
c'était le mois encore plus noir
dans l'obscurité du couloir corps soluble pas plus loin
ça va sans dire une nuit de série noire
reposant son sac d'heures inutiles
le temps même avait gobé la petite sensible
Le chemin insomniaque à la saignée d'hiver
son passé repoussé dans des poches d'yeux ouverts
à l'intérieur la boue déposant de son coeur
tapissait l'étal des passions en pourpre noirceur
s'accrochant en dernière marche la lueur enténébrée
entamant sa fuite grinçait des dents d'escalier
Ce fût donc l'imparfait de l'oubli et du toujours
du récit en vol d'échappement à ce jour
Elle ne préférait pas être entièrement née
retirer là maintenant le chamin sous ses pieds
cette engelure de marche de rat
au crépuscule d'une vie qui donc s'en brûlera ?
sur la plaie du sentier suintait son envie
du sentiment en pénurie à vau l'eau la fautive amnésie
Elle occupait une dernière fois cette nuit de série noire
délaissant pour ailleurs les axes obligatoires
pronnonçait là le point de non retour alors l'immédiateté de ses détours
pour toujours en neiger l'or de son désir et les feuillets tombés d'amour
>> LA BALLADE DES DISPARUS [Pour la vie à l'oeuvre] © 2012
Ce poème iconographique a été réalisé pour “La vie à l’oeuvre #1“ à La Clayette. Il évoque la nostalgie des jeunes gens disparus de leur ville natale, La Clayette, ainsi que les oeuvres des 12 artistes présents sur ce 8e parcours d’art contemporain, édition 2012.
Les disparus de La Clayette tenaient secrète clausule
Au mitan d’une nuit en mémoire du Pays
Une à une, Ils reposaient sur le sol les précieuses pierres du passé
Ils tissaient de leurs yeux des ponts, des portes ajourées
Pour ne rien perdre de souvenirs, il fallait tous les baliser
Ici la poupée préférée
Dans la boutique d’à côté la tendre amertume du chocolat
Et encore à quelques pas, le voile de la chambre où l’un d’eux se coucha
Ils oubliaient alors la noirceur de l’exil
Pour y laisser entrer ce rayon de chaleur
Les veines saillantes aux couleurs sanguines
Ainsi recréaient-ils une autre vie à l’oeuvre
Les disparus de La Clayette tenaient secrète clausule
Au mitan d’une nuit en mémoire du pays
À l’ombre du château qui les a vu grandir
Le sort fût brisé
Le monstre médusé et pétrifié
Et au mitan de la nuit un fumet nostalgique
Teinta alors le lac de particules magiques
Les jeunesses éperdues tracèrent depuis ce tragique récit
Toutes les nuits comme une ligne de vie.
>> LA VIE À L'OEUVRE © 2012
Dans le pays perdu de fragilité
le temps végétal s'installe s'accroche
et déloge en vrac notre passé
sur des murs des grilles des bancs dans des pans abandonnés
il comble les fissures et des vides surannés
Ces petits riens qui nous entourent
tels des murmures inaperçus
nous interrogent encore
sur ces temps délaissés
il y a des lustres de non lieux de friches et de chantiers
le lierre ne s’y est pas trompé
les fougères y prolifèrent
la marguerite dorée nous en barre l’entrée
la ronce et l’ortie hissent des herses
pour nous en empêcher
Et quand bien même les pétales les feuilles
se ramassent de couleur à terre
la belle saison ayant tourné
les regards de fonte obstrués
se parent pour quelques heures
de petits riens qui font la vie à l’oeuvre
ils se lèvent sans préavis devant le paysage
derrière eux un oeil de maquette goguenard
la filature est un tir de regard
filature ou poursuite en ligne de mire les anonymes poussés hors-sol
pourtant leur corps tiraille leur origine les portant sur des voies inconnues et fragiles
quand ils se dressent de pied ferme
un pied posé devant l'autre et puis l'autre et puis l'autre
la mécanique des cieux se remet en route
sans éclat sans importance ils rejoignent leurs doutes
ils arpentent les états des lieux du territoire
c'est leur façon à eux d'y passer d'être au monde sans y retourner
ils avancent au devant des postures au long-court
pour y dissoudre la rage conjurer le banal en cours
c'est le fardeau du CV mité en miettes de survie
les instances en impasse se jettent dans l'infini
ils n'ont plus d'espoir à perdre plus de regard à capturer*
c'est une idée derrière la tête qu'ils ont suivis**
peut-être même l'envers de leur vie**
ce qui vivait en eux avant les mots plus obscur plus condensé
le bâti des rêves cousu de fil doré les a fait se lever
les mots flétrissent dans leur bouche de pétales tombés
c'est l'aphasie qui rend leur silhouette toute assombrie
elle ferme les bouches et les regards sur leur passage
les eaux sales les fluides gazeux nauséeux des profondeurs circulant sous leurs pieds
tuyauterie souterraine qui les fait sans répit avancer
un être se penche ne succombe pas au vertige du désir c'est là son ultime défi
certains rasent les murs d'une ténébreuse rue
ils avancent lestement vers un temps révolu
ils se nouent les mains quand ils sont monotones à deux
les contours s'amenuisent s'évanouissent en creux
rien ne nous dit qu'ils sont encore en vie*
les enfants glissent sur une neige jaune damée en chemin
ils longent le rivage en famille aux abords des parkings assassins
c'est la promenade qui les lie en semblant de troupe heureuse et unie
une courbée dans la rue se rend à l'hiver de sa vie
pour finir au sommet au bout du quai au bout du pont à pétaouchnok et s'apercevoir que la route est unique
collusion des absences leçon de vie sur le fil de leur tombe
c'est le passage par son usage qui apaise de leur ombre
celui-là même contemple moraline fatale une vie aboutie
la route se referme sur lui
* Dominique A
** Jean-Louis Murat
>> L'OPÉRA DU GUEUX © 2009
Photographies réalisées dans les coulisses et pendant les répétitions du spectacle chanté 'L'opéra du Gueux'. Création du Théâtre du Lavoir mise en scène par Jean-Marie Sillard à Quéaux.
>> LIGNES DE COKE © 2009